Crowdfunding et immobilier
« Crowdfunding » et immobilier : un succès qui ne cesse de se confirmer
Le concept était connu depuis longtemps, mais le financement participatif n’a pris un réel essor que récemment avec l’apparition au début des années 2000 de sites internet qui mettent en relation des entreprises à la recherche de financements et des particuliers prêts à leur apporter leur épargne. En juin 2006 un article du magazine Wired consacrait définitivement l’appellation « crowdfunding » pour désigner ce nouveau circuit de financement. Celui-ci s’analyse comme un quasi-aboutissement des processus de désintermédiation, car il écarte totalement des relations entre prêteurs et emprunteurs les circuits financiers institutionnels et notamment les banques. Année après année, le succès rapide du « crowdfunding » ne se dément et, même si les encours demeurent modestes, il affiche des taux de progression impressionnants.
Selon les derniers chiffres de l’association Financement Participatif France (FPF) en partenariat avec KPMG, la collecte de fonds opérée par les plateformes de « crowdfunding » était en progression de 20 % en 2018 par rapport à 2017 et a été multipliée par 11 depuis 2013, le montant annuel de la collecte passant de 36 millions d’euros à 402 M€. Ce succès concerne tous les secteurs d’activité, mais se ressent tout particulièrement dans le domaine de l’immobilier. La collecte de « crowdfunding » immobilier a en effet atteint 192 M€ en 2018, ce qui marque une progression de 85 % par rapport à l’année 2017. Au premier semestre 2019, les choses s’accélèrent avec une progression de + 108 % de la collecte par rapport aux 6 premiers mois de 2018. Les raisons de cet engouement sont des taux de rémunération particulièrement attractifs et des perspectives de fortes plus values sur des périodes courtes en dépit d’un niveau de risque relativement élevé.
Les grands principes de fonctionnement du « crowdfunfing » immobilier
Le crowdfunding immobilier se concentre principalement sur le financement de programmes de promotion immobilière. Comme pour tous projets de financement participatif, il met en contact par l’intermédiaire d’une plateforme des prêteurs et des emprunteurs. Un promoteur immobilier peut ainsi conforter ses fonds propres et avoir davantage de poids auprès d’une banque pour emprunter la somme nécessaire à la réalisation de son projet de construction dans l’attente de la commercialisation des biens. Les établissements de crédit ont en effet des exigences élevées lorsqu’ils financent des opérations de promotions immobilières et n’attendant pas moins qu’une mise de fonds du promoteur représentant au moins 20 % du budget total du projet.
Concrètement, l’épargnant se voit proposer de souscrire des obligations auprès d’une société par actions simplifiée (SAS) ou d’une société civile de construction-vente (SCCV) qui a été créée par le promoteur immobilier afin de recueillir les fonds nécessaires à la gestion du chantier et à l’achèvement des travaux de construction. L’investissement peut également être réalisé au travers de la souscription de minibons (équivalent de bons de caisse) émis par l’emprunteur et généralement remboursable sous 5 ans. Le prêteur est ensuite remboursé de la somme avancée augmentée des intérêts lorsque les biens ont été vendus. Si ceux-ci ne trouvent pas preneurs, une incapacité de payer de la SAS ou de la SCCV n’est pas exclue ce qui suppose pour l’épargnant qu’il ne reverra jamais les sommes prêtées. Mais quoique le risque de perte en capital demeure élevé le taux de défaut de relativement faible observé jusqu’à présent dans les opérations de « crowdfunding » immobilier continu de susciter l’appétit des épargnants.